Pantin – perpétuel – assortiment – échange – plume – liaison – pétrifié – carte – relation – correspondance – couleur – regarder – personne – fouiller – retrouver.
Bien cher Louis,
En ce jour, où pendant tout un mois tu n’as pu me donner de tes nouvelles, j’attends avec impatience, aujourd’hui de pouvoir te retrouver et entendre ta voix si sensuelle.
Notre correspondance quotidienne entame sa neuvième année. Je fouille dans ma mémoire, et nos mots échangés s’entrechoquent, gardent les mêmes couleurs des sonorités joyeuses, érotiques et voluptueuses, de ceux déposés sous la plume, relation écrite dont nous gardons en nous le secret de ces métamorphoses.
Sur la photo que tu m’as envoyée voilà très longtemps, j’ai en mémoire tes yeux, la forme de ton visage, le pli de tes lèvres. Je la regarde si souvent, m’imprègne de la personne que je pourrais voir en réalité.
Une liaison épistolaire, appelons-là comme telle, où nous nous sommes laissé envahir par nos écrits, nos rêves, nos fantasmes mutuels pour en créer de multiples histoires. Elles n’ont comme éditeurs que nous deux. La carte des vins des cépages où tu aimes tant te promener nous ont fait goûter le jus des fruits jusqu’à la lie. Nous sommes si gourmands dans ce domaine.
Cette joie unique et particulière, nous aimons les partager sur la table des plaisirs, dans tous les assortiments que la langue nous offre pour nos jouissances.
Il est bon de relire mes poèmes, tes récits où tu mêles avec beaucoup de talents, les lettres que tu utilises à ta guise. Tu transformes comme le magicien que tu es, ce qu’il adviendra de toutes ces rencontres imaginaires et de tous ces scénarii.
Les mots tu les soumets, ils deviennent pour toi de véritables pantins dont tu disposes à ta guise en fonction de ton immense imagination.
J’ai échangé sur le même mode et y ai ajouté mon grain de sel. Je reste ta muse, présent pétrifié par cette longue absence. Aujourd’hui, demain peut-être, ta voix résonnera dans le creux de mon oreille comme si tu étais à mes côtés.
Les minutes s’écouleront impitoyables pas de tristesse, juste le rappel que les moments restent intacts, sans aucun droit sur le présent ni l’avenir. Le présent est une offrande perpétuelle que je reçois comme un cadeau venant de nous deux. Merci Louis de savoir que tu es là. Merci de me le faire savoir.
Je frissonne à ressentir par les mots, ta main qui rejoint la mienne et la porte près de tes lèvres, dans ce fameux style vieille France comme tu aimes tant l’évoquer. Cela me plaît aussi. Je ressentirai ton souffle sur le dos de celle-ci, et nos yeux s’accrocheront l’un à l’autre sans aucun mot. Ce n’est pas nécessaire.
A bientôt mon tendre ami.
Ta douce muse.